samedi 5 mai 2012
Quand Truc joue au mécanicien
Hier, Muche et moi avons failli divorcer. C'était moins une. Vous cherchez comment mettre fin à votre mariage de manière pas trop compliquée ? Une bonne recette : procurez-vous un clou, déposez-le à proximité d'une des roues de votre voiture, laissez mariner. Quelques heures plus tard c'est fait : vous êtes célibataire.
Inutile de préciser que je n'ai aucune envie de divorcer. Par conséquent, le clou, ce n'est pas moi qui l'ai déposé. J'en ai juste subi les conséquences. D'ailleurs, il ne s'agissait pas de n'importe quel clou mais d'un bricolage plutôt perfectionné impliquant du fer fondu et plusieurs machins brillants et pointus. Je ne sais pas d'où ce bidule sortait (je vais vous épargner ce que je pense de celui qui l'a fabriqué) mais je sais où il a fini : dans la roue de notre voiture.
Ça, c'était hier soir.
À 18h30, Muche et moi nous dirigeons tranquillement vers la voiture pour rejoindre des copains avec qui nous avions prévu de passer la soirée.
À 18h31, Muche remarque un truc bizarre et brillant qui dépasse de la roue avant droite.
À 18h32, la voisine ouvre la fenêtre et nous signale que, quand même, elle aimerait préserver la chasteté des oreilles de ses enfants alors si nous pouvions aller jurer ailleurs...
À 18h33, Muche m'engueule (calmement et poliment) (et sans hurler, s'il vous plaît) (l'éducation des enfants de la voisine nous tient à coeur) (n'empêche, j'espère qu'ils regardaient pas par la fenêtre parce qu'il était écarlate et que la veine de son front était sur le point d'exploser tellement il se retenait de hurler, ça faisait peur). Il m'engueule donc tout à fait calmement parce que je ne suis pas les mains dans le cambouis en train de réparer la roue de sa voiture.
À 18h34, je lui signale qu'il ne faut pas mettre les mains dans le cambouis pour réparer le pneu d'une voiture.
C'est à 18h35 qu'a surgi la demande de divorce. C'est aussi à cette heure-là que je me suis enfuie rejoindre nos copains (à vélo). Et que je l'ai lâchement abandonné avec la voiture au pneu crevé. Après qu'on ait remarqué qu'on possédait un cric, certes, mais pas de roue de rechange. C'est con. (Tu trouves aussi ?) Enfin, en soi ça n'aurait rien changé parce que je ne sais pas plus utiliser un cric que mettre les mains dans le cambouis.
On a fini par se réconcilier. Sauf qu'un clou, c'est vraiment vicieux et le lendemain, c'était reparti pour un tour. De grand matin, Muche me réveille en me demandant d'aller conduire la voiture au garage. J'ai éclaté de rire (il a pas trouvé ça très drôle).
Faut savoir que la voiture et moi, on n'est pas vraiment copines-copines. Elle ne m'aime pas beaucoup et je le lui rends bien. Parce que je suis une vraie fille. Une vraie fille comme dans les films pourris et les clichés machos : je conduis comme une branquignole et je déteste ça. D'ailleurs, pour tout vous avouer, j'ai passé mon permis il y a six ans et depuis lors je n'ai pas fait le moindre créneau. Pour ma défense, je précise que j'ai dû conduire environ huit fois au cours des six dernières années, ce qui réduit quand même considérablement les opportunités de créneau (le fait que je préfère me farcir 5 km à pattes plutôt que de tenter le coup a peut-être un rapport, aussi) (le fait que lors de ma première (et dernière) tentative j'aie bloqué la circulation durant douze bonnes minutes (le temps de huit essais) (il m'a fallut tout ça avant de réaliser que non, il n'y avait pas suffisamment de place pour titine entre la Polo rouge et la Renaud bleue) a peut-être également un rapport.
Bref, inutile de vous expliquer que l'idée de conduire sur trois roues ne m'a pas tentée des masses (et que j'ai connu des réveils plus agréables) (seconde demande de divorce).
Finalement, c'est Muche qui a conduit puis qui m'a laissée avec les gars qui savent utiliser un cric et mettre les mains dans le cambouis (le lâche est parti travailler). Trois minutes et demi plus tard, le bidule était passé de notre roue à la poubelle et moi j'étais au volant d'une voiture (presque) comme neuve.
Là, j'ai réalisé que conduire seule n'était pas si terrible que ça. Je n'utilise la voiture que lorsque j'ai été désignée-volontaire-BOB et en général le gars assis à ma droite lorsque je conduis est plutôt (extrêmement) critique quant à ma façon de conduire. Je suis une vraie fille, il est un vrai mec (macho au volant et tout et tout), on va bien ensemble. Et bizarrement, quand personne ne vous hurle dans l'oreille droite que vous roulez trop à droite, qu'il est temps de changer de vitesse ou que vous roulez trop lentement (puis, quand vous accélérez, que vous roulez trop vite), conduire n'est pas si effrayant.
Lorsque je suis repassée le chercher au boulot, après, il m'a demandé si ç'a avait été sur la route. J'ai répondu que oui, à part les huits poteaux dézingués et les trois piétons fauchés. Il a rigolé (allez comprendre pourquoi, si j'avais su qu'il le prendrait si bien...).
Son rire s'est étranglé dans sa gorge lorsqu'il a vu la voiture parfaitement garée. Un créneau réalisé de main de maître, c'est lui qui l'a dit. C'est là qu'a eu lieu la troisième demande de divorce en moins de 48h. Il refuse de croire que c'est moi qui l'ai parqué et cherche toujours à savoir avec qui j'étais.
J'vous dis, les clous, c'est vicieux.
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