mercredi 2 octobre 2013

Je me souviens...


Je me souviens… Je me souviens avoir imaginé les billets que j’écrirais sur ce blog. Le jour où ça arriverait. Le jour où une seconde ligne rose apparaîtrait à côté de la première.

Je me souviens… Je me souviens m’être demandé si, comme d’autres femmes, je profiterais de l’anonymat accordé par internet pour lâcher le morceau avant les trois mois fatidiques, beaucoup trop impatiente d’annoncer la bonne nouvelle pour attendre nonante jours. Je me souviens m’être demandé si j’en profiterais pour en parler, pour partager. Je me souviens m’être demandé si j’aurais beaucoup d’anecdotes à raconter et si elles seraient drôles.

Et puis, la seconde ligne rose est apparue à côté de la première.

Je me souviens y avoir pensé. À plusieurs reprises. Je me souviens m’être demandé si ma grossesse n’était pas l’occasion de reprendre la plume et de relancer ce blog sur lequel je n’avais pas posté depuis trop longtemps.

Je me souviens n’avoir rien décidé.  Je me souviens avoir laissé le temps s’écouler, me disant qu’il serait toujours temps d’en parler. Plus tard. Quand je le sentirais. Quand le moment viendrait.

Je me souviens de mon incrédulité, de ma difficulté à comprendre qu’il y avait bien un petit être qui grandissait au creux de moi. Je me souviens de mes larmes, mes larmes à la vue de ce cœur minuscule qui battait, si régulier, si plein de vie. Je me souviens de mon bonheur lorsque j’ai compris que oui, il était bien là.
 
Je me souviens aussi de mes peurs et de mes doutes, lorsque j’ai compris l’engagement qu’un bébé représentait. Je me souviens avoir compris que je n’avais rien compris, je me souviens avoir réalisé que l’envie avait balayé tout le reste, je me souviens avoir compris que j’avais interprété l’envie comme un signe, je me souviens m’être demandé si l’envie était suffisante et si l'amour serait assez fort.

Je me souviens m’être demandé si ma grossesse n’était pas l’occasion de reprendre la plume et de relancer ce blog sur lequel je n’avais pas posté depuis trop longtemps. Je me souviens n’avoir rien décidé. Je me souviens avoir laissé le temps s’écouler, avoir observé les minutes puis les jours passer.

Je me souviens des nombreuses fois où j’ai supplié ce bébé de s’accrocher et de ne pas écouter ma peur. Je me souviens des nombreuses fois où je lui ai murmuré que je l’aimais.

Je me souviens avoir oublié l’idée d’en parler, avoir oublié l’idée de raconter.

Et puis, les trois mois sont arrivés et je me souviens y avoir pensé à nouveau. L’idée dormait toujours dans un coin de ma tête et la date l’avait réveillée. Je me souviens n’avoir rien décidé. Je me souviens avoir laissé le temps s’écouler, quelques heures de plus, un jour supplémentaire.

Je me souviens de ma peur. Je me souviens de mes pleurs. Je me souviens de ma douleur. Je me souviens de sa peur. Je me souviens de ses pleurs. Je me souviens de sa douleur. Je me souviens avoir pensé que ce bébé ne m’avait pas crue les fois où je lui avais murmuré que l’amour était plus fort que les doutes.
 
Je me souviens avoir laissé trop de temps s’écouler. Quelques heures de trop, quelques jours de trop. Et puis quelques semaines encore. Jusqu’à aujourd’hui. Où je finis par en parler, où je finis par raconter. Et par me dire que maintenant, je sais. Maintenant, je sais l’engagement qu’un bébé représente,  et je sais que l’envie m’aura au moins permis de comprendre tout ça.

Je me souviens… Je me souviens avoir imaginé les billets que j’écrirais sur ce blog. Le jour où ça arriverait. Le jour où une seconde ligne rose apparaîtrait à côté de la première. Je ne me souviens pas avoir imaginé que ce billet, je l’écrirais lorsque la seconde ligne rose disparaîtrait.

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