samedi 27 avril 2013

Une histoire de chaussettes


Aller travailler, c'est un peu un parcours du combattant (sans effusions de sang, heureusement). Lever à 6h28, débarbouillage, habillage, attrapage-de-petit-déj-dans-le-frigo. Puis enfournage de bécane pour me rendre à la gare où un premier train m'attend. (Je précise que cette tournure de phrase est purement littéraire, la vérité ressemble davantage à "J'attends le train qui tarde, tarde, tarde, jusqu'à ce qu'enfin la lueur de ses deux phares transperce la pénombre du jour levant, annonçant son imminente entrée en gare"). Après ce premier train, tout le monde dehors, on embarque dans le suivant. Arrivée à Bruxelles, cinq minutes de marche, terminus, c'est parti pour une journée de (dur) labeur.

Je vous ai farci la tête avec tous ces détails pour pas grand chose, en fait. J'aurais pu m'arrêter au passage "j'enfourne ma bécane", c'est celui qui m'intéresse. Parce que quand on monte sur un vélo, c'est pour pédaler. Que quand on pédale à 6h45, il fait froid, même en été et surtout en cette fin d'avril 2013 où le petit Jésus là-haut a oublié d'appuyer sur le bouton "printemps". Trop froid le matin pour me contenter de mes ballerines (mes pieds offerts au vent tourneraient rapidement au bleu-congelé), trop chaud l'après-midi pour continuer à porter mes bottes.

J'ai heureusement trouvé une solution. Une solution qui arracherait des cris perçants aux fashionita's de ce monde mais qui me convient (même si elle provoque des situations un peu gênantes). Avant d'enfourner ma bécane, donc, chaque matin, je mets des chaussettes (noires, les chaussettes) par-dessus lesquelles j'enfile mes ballerines (beiges, les ballerines). Ça me permet de protéger suffisamment mes petits pieds délicats pour éviter l'amputation. Ça ne les protège cependant pas suffisamment pour avoir chaud. Ce qui explique que je conserve mes chaussettes dans le premier train, et dans le deuxième aussi, d'ailleurs. En me concentrant super fort pour me persuader que les regards mi-étonnés, mi-moqueurs que les navetteurs posent sur mes pieds sont le fruit de mon imagination.

Sauf qu'hier matin, l'homme d'affaire en costard noir assis en face de moi dans le train ne s'est pas contenté d'un regard mi-étonné, mi-moqueur. Il a posé les yeux sur mes pieds, a haussé un sourcil puis a éclaté de rire. (J'ai rougi mais conservé mes chaussettes, c'est que j'avais froid aux panards, moi, nom de nom !).

L'étape suivante de mon parcours du combattant, après le deuxième train, est l'étape "je retire les chaussettes juste avant de sortir du train pour éviter que mes collègues ne soient témoin du spectacle".

L'homme d'affaire était toujours assis face à moi, les yeux braqués sur mes pieds. Puis il les as fermés, quelques secondes, il semblait fatigué. J'en ai profité pour retirer mes malheureuses chaussettes et les fourrer dans mon sac. Juste avant qu'il rouvre les yeux, le regard toujours braqué sur mes pieds.

Il n'a pas haussé un sourcil mais deux puis a affiché un air perplexe. De mon côté je me mordais les lèvres pour me retenir de rire tandis que les questions muettes passaient sur son visage. "Elle n'avait pas des chaussettes ?" "Je suis sûre qu'elle avait des chaussettes!" "Des chaussettes noires, qui juraient horriblement avec ses ballerines beiges" "Pourtant, j'ai les yeux bien ouverts et elle est pieds nus" "Elle en avait pourtant il y a cinq secondes" "A moins que j'aie rêvé ?" "Ça doit être ça, j'ai rêvé" "Ou pas ?"

Il est possible que ce Monsieur n'aie même pas remarqué mes chaussettes, bien sûr. Que son éclat de rire et ses mimiques soient purement le fruit de mon imagination. Quoi qu'il en soit, hier a été une bonne journée. Rien de mieux qu'un fou rire de grand matin pour bien commencer la journée !

PS : J'ai inclus ma main sur la photo pour vous montrer mon nouveau vernis, rose fluo. Muche est fan, ce qui me fait aimer ce vernis à la folie !!!

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