jeudi 20 novembre 2014

Un atelier d'écriture (1)



Au cours des dernières années, on m'a souvent demandé pourquoi, moi qui aimais écrire, je ne participais pas à un stage d'écriture pendant mes vacances, ou à un atelier d'écriture en soirée durant l'année.

Les ateliers, ça ne m'avait jamais attirée. J'ai toujours eu l'idée (sans doute un peu absurde) que l'écriture, on l'a en soi. On aime ou on n'aime pas, on sait ou on ne sait pas. J'ai toujours eu pour a priori que l'écriture, ça s'apprend en écrivant et en lisant, pas en suivant les consignes d'un professeur. L'idée qu'on m'impose un thème m'a toujours rebutée. Mon écriture, c'est ma liberté, gare à celui qui ose me donner une règle à suivre ou une instruction à respecter. (Oui, il m'arrive parfois d'être un peu fermée...)

Et puis... Et puis ces derniers mois, j'ai vécu des moments difficiles et j'ai cherché quelque chose à quoi m'accrocher. Une activité qui ait du sens pour moi. Des rencontres avec d'autres qui partageraient une même passion, un même centre d'intérêt. Des autres qui, peut-être, me ressembleraient un peu.

J'ai pensé aux ateliers d'écriture. J'en ai trouvé un dont le thème est la construction d'un roman. Alors, il y a trois mois, j'ai ravalé mes idées toutes faites et mes a priori et je me suis rendue à mon premier atelier. Le principe était simple : imaginer un personnage, lui inventer un destin difficile, lui trouver un objectif, semer des obstacles sur sa route, parsemer le tout d'un enjeu pour que l'histoire ait un sens. Ecrire entre chaque atelier, lire ses écrits durant l'atelier. Ecouter les réactions (bienveillantes) des participants et les conseils éclairés de l'animateur. Des conseils techniques, des conseils généraux, des "trucs" pour rendre les personnages vivants et leur histoire intéressante.

Après le second atelier, la lecture à voix haute des trois premières pages de mon nouveau roman et l'écoute des réactions du groupe, j'ai décidé d'arrêter d'écrire. Dix ans d'écriture. Dix ans à me casser le cul pour pondre des mots et cracher des phrases. Dix ans à rêver de voir mes romans quitter mon ordinateur et atterrir entre les mains d'un lecteur. (Un lecteur qui ne serait ni ma mère, ni ma soeur, ni mon meilleur ami). Dix ans pour quoi ? Pour réaliser qu'entre ce que j'écris et ce que le lecteur perçoit, il y a un monde ? Pour sortir de là en pensant que mes textes ne valent rien ? Pour entendre des critiques soi-disant bienveillantes mais qui n'ont fait que me trouer le cœur ? Mon cœur était déjà brisé en mille morceaux, je n'allais pas en plus le laisser se faire cribler de trous...

Deux jours plus tard, j'ai changé d'avis. J'ai allumé mon ordinateur, fait un usage excessif de la touche "delete". Et recommencé. Si le lecteur n'avait pas saisi le message que je souhaitais faire passer, c'est que je ne l'avais pas écrit de manière adéquate.

Je suis sortie de l'atelier suivant avec un sourire jusqu'aux oreilles. Mon texte avait plu. Mon texte avait parlé. Mon texte avait été compris. Mon texte avait touché. Mon texte avait arraché des sourires et même fait rire aux éclats. Mon histoire avait trouvé des lecteurs qui prenaient la forme d'auditeurs passionnés et passionnants.

Depuis lors, je traverse Bruxelles tous les mercredi soir pour me rendre à mon activité favorite de la semaine. L'atelier d'écriture.

Parce que oui, l'écriture, ça s'apprend. Je pense toujours qu'on aime ou qu'on n'aime pas, et qu'on l'a en soi. Mais je pense aussi qu'il y a beaucoup à apprendre de l'expérience d'un "vrai" écrivain et d'un groupe de passionnés. J'avance lentement mais sûrement dans la rédaction de l'histoire qui me tournait en tête depuis de longs mois. Je ne regrette pas, mais pas du tout, d'avoir été à l'encontre de mes a priori.

J'apprends. Sans aucune règle ni aucune instruction. Avec un guide et un canevas. J'écris. Et j'aime.

4 commentaires:

  1. Les ateliers d'écriture m'ont toujours fait un peu "peur", pour les mêmes raison que toi... De même que je pense que l'on ne peut pas apprendre à écrire, je pense que ces ateliers "formatent" l'écrivain. J'ai l'impression que les styles d'écriture des auteurs s'effacent, pour correspondre à ce que souhait le groupe. D'ailleurs n'est-ce pas pour ça que tu as réécrit les premières pages de ton roman ? Pour correspondre à ce qu'ils recherchaient ? C'est l'impression que j'ai eue... ou peut-être est-ce que je me trompe totalement ^^

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    1. Merci pour ton message :-)
      Je n'ai pas réécrit les pages pour correspondre à ce qu'ils voulaient mais parce que je me suis rendu compte qu'ils ne comprenaient pas ce que je voulais dire. Quand tu veux écrire A et que les lecteurs comprennent B... C'est que tu n'as pas bien fait passer le message. Alors j'ai réécrit A et après la réécriture, ils ont compris A :-) Je n'ai changé ni le contenu ni la forme ni le style, juste les mots choisis.
      Nos histoires et nos styles étaient extrêmement différents il y a trois mois et ils le sont toujours aujourd'hui. C'est d'ailleurs super intéressant de voir à quel point on imagine des choses différentes et on écrit des choses différentes avec un même point de départ. J'adore ! :-)

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  2. Je ne savais pas qu'il existait réellement des ateliers d'écriture ! Je trouve ça formidable & suis même admirative de tous ces petits projets que tu as & que tu t'efforces de mener à bien.
    Même si j'ai toujours aimé ça, lire, écrire, je sais que je ne sais pas réellement écrire. Je n'aurais pas eu le courage que tu as eu & j'espère que tu continueras parce que ta plume me parle & je ne suis pas contre découvrir quelques extraits de tes textes par ici... ;)

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    1. Si ça peut te rassurer, je manque souvent de courage pour écrire ! J'aime ça mais parfois (souvent), je trouve quelque chose de "mieux" à faire... Je vais réfléchir à quelques extraits que je pourrais poster sur ce blog :-)

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