dimanche 27 mai 2012

Zermati, Linecoaching, régimes et hyperphagie (3/6)

Ça fait quatre ans à présent. Quatre ans que je me bats contre mes troubles. Je veux maigrir, je n’en peux plus ! J’ai déjà acheté des tonnes de bouquins pour maigrir, je n’y suis jamais arrivée, je souffre toujours autant des compulsions alimentaires. Pourtant, me voici à la Fnac, à la recherche d’une solution miracle. Je suis pathétique ! Dire qu’il y a quatre ans je rigolais face aux régimes ridicules qui foisonnaient dans les magazines. Je criais haut et fort qu’il suffisait de manger de tout en petites quantités ! Mais aujourd’hui je suis devenue l’une de ces femmes qui ne pensent qu’à maigrir et qui essayent tout et n’importe quoi en désespoir de cause. Je suis pathétique ! Je saisis un livre au hasard dans le rayonnage. Je lis le résumé, j’accroche, ça a l’air différent des régimes habituels.


Je lis l’introduction. Révélation. Je comprends à cet instant que je suis tombée sur un livre qui va changer ma vie. Vraiment. Pour de bon. Je referme le bouquin, je lis le titre : « Maigrir sans régime », du Docteur Zermati. Je me dirige vers la caisse, accrochée au petit livre comme à une bouée de sauvetage.

J’ai dévoré le bouquin, je l’ai lu d’une traite, incapable de m’arrêter. Il a été écrit pour moi, je ne vois pas d’autre explication. Je lis et je me reconnais, je suis une victime des régimes comme tant d’autres, je me suis fait avoir par la mise en valeur de la minceur, de la maigreur, du contrôle. J’avais tout faux, j’ai déréglé mon propre corps, cette machine bien rôdée. Je l’ai foutu en l’air en cherchant à maigrir alors que je n’en avais nullement besoin. Maintenant, il me faut revenir en arrière, reconstruire ce que j’ai passé quatre ans à détruire, re-tricoter, petit à petit. Retrouver une relation saine et naturelle avec la nourriture. Cesser de souffrir, cesser de réfléchir, cesser de pleurer, cesser de me détester et de m’en vouloir. Vivre.

Comment résumer en quelques lignes un cheminement qui a duré de longs mois ? Comment résumer en quelques lignes une méthode qui a fait l’objet de plusieurs ouvrages ? Bon, je me lance… Voici les notions les plus importantes découvertes dans le livre du Dr Zermati (dont je ne peux que vous conseiller la lecture).

Le poids d’équilibre. Notion importante s’il en est. Chacun possède un poids d’équilibre déterminé qui lui est propre. Ce poids peut être supérieur ou inférieur aux normes de beauté actuelles. Quoi qu’il en soit, il est le nôtre et il est illusoire de chercher à le modifier (c’est-à-dire à descendre en-dessous, puisqu’en général on cherche à maigrir et non l’inverse). On peut décider de tenter de descendre sous ce poids d’équilibre, bien sûr. Mais c’est un choix difficile parce qu’il nous condamne à vivre dans la faim. Un faim inéluctable lorsqu’on cherche à descendre sous le poids qui est le nôtre.

J’ai trop souffert de la faim, souffert de la famine que j’imposais à mon corps pour accepter encore de jouer à ce jeu-là. Je n’y ai gagné que des kilos. J’ai en outre la chance d’avoir un poids d’équilibre dans les normes actuelles. Pour moi, le choix était vite fait : ce serait le poids d’équilibre et rien d’autre.

La faim et la satiété. Mais comment faire pour conserver (ou retrouver ?) son poids d’équilibre ? C’est à la fois très simple et très compliqué : il suffit de respecter sa faim et sa satiété. Si on devait résumer cette méthode en une phrase, ce serait celle-ci : mange quand tu as faim, arrête-toi quand tu n’as plus faim. En effet, notre corps est le meilleur juge en ce qui concerne nos besoins. Le but est de devenir un mangeur régulé, c’est-à-dire un mangeur qui respecte les besoins de son organisme et donc sa faim et sa satiété. De cette manière, on garde un poids stable. Et si on est au-dessus de son poids d’équilibre, on maigrit.

Comment est-il possible de maigrir alors qu’on se contente de manger à sa faim ? Tout simplement parce que si vous êtes au-dessus de votre poids d’équilibre, ça signifie que vous mangez trop, que vous mangez au-delà de votre faim. Manger à votre faim et pas plus vous amènera donc logiquement à diminuer vos portions. Et à maigrir doucement, jusqu’à votre poids d’équilibre.

Il arrive à chacun de manger au-delà de sa faim. Au cours d’un repas festif par exemple. Aucun souci : le lendemain, votre faim mettra plus longtemps à arriver. Si vous n’avez pas faim, sautez le repas. Vous n’en mourrez pas : votre corps n’a tout simplement pas achevé d’assimiler ce que vous avez mangé la veille. Fini, les trois repas obligatoires par jour. Si vous n’avez pas faim, ne mangez pas, ça signifie simplement que votre corps n’a besoin de rien.

On mange ce dont on a envie et on ne se prive de RIEN. Vraiment rien ! Il ne s’agit pas d’un régime. On prête attention aux signaux de notre corps. Notre corps sait ce dont il a besoin. Vous n’avez jamais eu une envie folle d’un bon steak ? Vous manquiez sans doute de fer. Bon, c’est un peu caricatural mais c’est le principe. Si l’on s’arrête à satiété, il y a tout à fait moyen de maigrir de cette manière : 500 calories de salade ou 500 calories de chocolat, ça reste 500 calories, ça fait grossir et maigrir pareil.

Si je suis mes envies, je ne mange que du chocolat, pourtant mon corps n’en a aucun besoin. Dans un premier temps, c’est possible, voire probable. On a envie de ce dont on se prive depuis des années. Au bout de quelques semaines, les autres envies reprennent leur dessus. Imaginez-vous ne manger que du chocolat durant une semaine, à chaque repas. Ça vous paraît faisable ? À un moment donné, on a envie d’autre chose, non ?

La régulation des émotions. L’organisme n’a sans doute pas besoin de chocolat pour vivre. Mais nous n’avons pas uniquement des besoins physiques. Nous avons également des besoins émotionnels. La nourriture peut très bien être un moyen de se réconforter. On est triste, on déguste un chocolat chaud. On se sent mal, on déguste une barre de chocolat. C’est tout à fait normal, même les mangeurs régulés fonctionnent de cette manière.

La dégustation. Vous avez remarqué que j’insistais sur le mot « déguster » ? C’est normal, il s’agit d’un autre principe. Lorsqu’on mange, on ne fait rien d’autre. On éteint la télé et l’ordinateur, on referme son livre. On s’assied à table et on déguste ce qu’on a en bouche. On prête attention aux odeurs, aux saveurs. De cette manière, on profite de la nourriture, on perçoit sa satiété, on sait quand on a assez mangé, on sait qu’on a mangé tout court, aussi (ça ne vous est jamais arrivé d’achever un paquet de chips en ayant l’impression de ne pas l’avoir encore commencé ?). Pas besoin d’une plaquette entière de chocolat lorsqu’on mange en dégustant. Au bout de quelques carrés, on a assez.

Les cercles vicieux. Ce sont eux qui m’ont entrainée dans l’hyperphagie. Lorsque j’ai commencé les régimes, j’ai arrêté de prêter attention à ma faim et à ma satiété. Je me suis privée, je me suis affamée. Lorsque j’ai atteint le poids désiré, que s’est-il passé ? Je me suis jetée sur les aliments interdits, de manière totalement incontrôlée, j’étais incapable de m’arrêter. Ça m’a fait terriblement culpabiliser. La culpabilité m’a fait manger (manger pour me réconforter). Sauf que manger ne m’a pas réconfortée mais a renforcé ma culpabilité. Je mangeais comme un cochon et je me remettais à grossir. Résultat, j’ai intensifié mon régime. Ce qui a provoqué de terribles envies pour le chocolat. J’ai craqué, j’ai culpabilisé, j’ai mangé pour me réconforter sauf que j’ai grossi et re-culpabilisé. Et voilà un exemple de cercle vicieux. Le problème c’est qu’on finit par se détester, par ressentir des émotions terriblement négatives et désagréables. On mange pour les anesthésier, sauf qu’elles finissent par revenir à nous poussent à manger. Manger ne nous permet plus de nous réconforter mais nous enfonce encore plus loin. Il devient rapidement très difficile de sortir de tels cercles, ils sont à l’origine de nombreux troubles du comportement alimentaire. Du mien, entre autres.

Maigrir n’est pas une question de volonté ! Ce n’est pas parce qu’on échoue à faire régime qu’on n’est pas quelqu’un de bien. Les régimes sont intenables à long terme, ils provoquent des troubles du comportement alimentaire. Ils n’ont absolument rien à voir avec la volonté. À moins de croire que 95% de la population ne possède aucune volonté. Puisqu’il s’agit du pourcentage de personnes au régime qui reprennent du poids après coup. Au contraire, il faut avoir énormément de volonté pour recommencer durant des années des régimes traumatisants pour le corps et pour le mental.
Comment se fait-il que, lorsqu’après des années de régime on n’est parvenu qu’à grossir, on ne remette pas les régimes en question ? Comment se fait-il qu’on se blâme soi, uniquement soi, qu’on se traite de tous les noms, qu’on se dévalorise de la sorte ?

(Vu que c'est trèèèès long et que j'ai beaucoup à dire, à suivre...)

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