mercredi 30 mai 2012

Zermati, Linecoaching, régimes et hyperphagie (6/6)


Je suis inscrite sur Linecoaching depuis cinq mois. Je n’en peux plus. J’ai trop mal. Trop mal. Je n’y arriverai jamais. Tous ces efforts pour rien, pour rien du tout. Je me sens tellement mal que parfois des idées terribles me traversent l’esprit. J’ai besoin d’aide. Le site ne me suffit plus. J’ai besoin d’aide.

Je téléphone à un centre de thérapie TCC proche de chez moi, je demande à rencontrer quelqu’un qui a déjà soigné des troubles du comportement alimentaire. J’obtiens un rendez-vous. Je dois me faire violence pour ne pas l’annuler. Après tout, je suis quand même plutôt mince, je n’ai pas vraiment de problème, j’ai tout pour être heureuse. Et s’il suffisait quand même d’un peu de volonté ? Qu’est-ce que la thérapeute va penser de moi, une jeune fille presque mince et en bonne santé, qui a tout pour être heureuse et qui vient pleurer dans ses jupes, se plaindre alors qu’elle n’a aucun problème ?

Je me rends au premier rendez-vous. Je tremble, j’ai peur. Et si elle me méprise ? Et si elle me parle comme la psychologue que j’ai vue trois fois il y a trois ans ? Et si elle me dit que je n’ai pas de problème ? Et si elle me conseille un régime ? Au pire, je ne la revois pas, je m’enfuis en courant. Je n’ai rien à perdre. On verra.

Elle me sourit, elle me tend la main, elle me désigne la petite pièce claire et agréable. Je parle. Je raconte. Je pleure. Elle me présente la boite de mouchoirs, réalise qu’elle est vide. Je rigole. Peu importe, j’ai prévu le coup. Je sors mon mouchoir.

Elle ne me parle pas de régime. Elle est bienveillante. Elle ne me contredit pas et ses paroles ne comportent aucun jugement. Aucun. Pas la moindre trace de jugement. Ni désapprobation, ni critique. Aucune mimique qui dénoncerait un reproche mal camouflé. C’est mon vécu, c’est mon ressenti. Elle le respecte. Elle me respecte. Profondément. Ce qui compte, ce n’est pas ma situation objective. Ce qui compte, c’est la souffrance que provoque ma situation. Je rentre chez moi séduite, avec quelques exercices pratiques autour des émotions.

La seconde séance balaie mes doutes. Elle me plaît, elle me convient. Je décide de lui faire pleinement confiance. Son approche me plait et s’adapte parfaitement à mes besoins. Il ne s’agit pas de chercher l’origine des problèmes dans mon enfance. Il s’agit de travailler un petit peu chaque jour pour changer mon présent. Une approche similaire à celle de Linecoaching, en fait. Ça me va parfaitement, ça correspond à ce en quoi je crois. Comprendre le passé, c’est bien. Mais ça ne suffit pas à transformer le présent. Et ce dont j’ai besoin, c’est d’aller mieux, aujourd’hui et maintenant.

Lorsque je lui raconte la chose dont je n’ai jamais parlé à personne, elle écoute. Et elle réagit exactement de la manière dont je souhaitais qu’elle réagisse (alors même que j’ignorais ce que je souhaitais, en fait). Sans juger, sans s’offusquer, sans critiquer les personnes impliquées. Je suis conquise. J’ai trouvé la personne qu’il me fallait, celle qui m’aidera à sortir du trou.

Les exercices se succèdent. Tant sur Linecoaching qu’en compagnie de ma thérapeute. Et petit à petit, je change, je me transforme. Des exercices qui portent sur l’acceptation du corps, sur le vécu des émotions, sur le réconfort, sur la bienveillance, sur l’estime de soi. Je reste moi et pourtant je change. Je suis la même. Presque. Une version améliorée de moi-même, sauf que non, en fait. Moi-même, celle qui était blottie au fond de moi depuis toujours mais que j’avais enterrée à force d’incompréhension et de peur.

J’apprends à être gentille et tolérante avec moi-même. Quand je suis fatiguée, je me repose et je cesse de me traiter de moule, par exemple. Se pelotonner dans le canapé avec un bon bouquin n’est pas un crime, même s’il reste du repassage. D’ailleurs, le repassage que je ne cessais de reporter, je le fais dorénavant presqu’avec plaisir, même si ce n’est pas agréable. Parce que, grâce à la méditation en pleine conscience, j’apprends à vivre le présent même s’il est désagréable. Je vis l’inconfort que provoquent mes émotions douloureuses. Je vis l’inconfort provoqué par les tâches ménagères désagréables. Je vis le positif, aussi. Je deviens pleinement moi. Et j’accepte de ne pas être parfaite.

Depuis que je vois ma thérapeute, j’ai cessé les yoyos. Mon poids est stable. Je ne maigris plus, je ne grossis plus. Je suis stabilisée à un poids trop élevé à mon goût. Mais j’apprends à l’accepter. Les compulsions sont encore légions : quoi de plus normal avec tout ce travail ? Avec tout ce que je remue, je mange beaucoup. Trop. Du sucré. Mais ça ne m’inquiète plus. J’ai la certitude que ça passera, quand je serai prête. Pour le moment, j’accepte d’être une fille malade qui a besoin du réconfort apporté par la nourriture pour vivre ses émotions douloureuses.

D’ailleurs, j’ai renoncé à maigrir à court terme. Plus de pression de maigrir, quelle liberté ! J’ai acheté des vêtements à ma taille même si cette taille m’insupporte. Pour le moment, je suis comme ça. Lorsque j’irai mieux, lorsque j’aurai vraiment assimilé le concept de vivre ses émotions plutôt que les éviter, les crises s’estomperont, et je maigrirai. Je ne suis plus pressée.

Ça fait neuf mois que je suis inscrite sur Linecoaching. Ça fait bientôt cinq mois que je vois ma thérapeute. Et je vais bien ! Je me sens bien. Je suis heureuse. Je commence à trouver un certain équilibre. Un équilibre émotionnel, un équilibre dans ma vie, un équilibre au boulot, un équilibre dans mon couple. J’ai cessé de mentir. La tempête s’apaise. L’orage est derrière moi. Je me sens calme et sereine. Le plus dur est derrière moi. Je le sens, je le sais.

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