Je suis inscrite sur Linecoaching depuis cinq mois. Je n’en peux plus. J’ai trop mal. Trop mal. Je n’y arriverai jamais. Tous ces efforts pour rien, pour rien du tout. Je me sens tellement mal que parfois des idées terribles me traversent l’esprit. J’ai besoin d’aide. Le site ne me suffit plus. J’ai besoin d’aide.
Je téléphone à un centre de thérapie TCC proche de chez moi, je demande
à rencontrer quelqu’un qui a déjà soigné des troubles du comportement
alimentaire. J’obtiens un rendez-vous. Je dois me faire violence pour ne pas
l’annuler. Après tout, je suis quand même plutôt mince, je n’ai pas vraiment de
problème, j’ai tout pour être heureuse. Et s’il suffisait quand même d’un peu
de volonté ? Qu’est-ce que la thérapeute va penser de moi, une jeune fille presque
mince et en bonne santé, qui a tout pour être heureuse et qui vient pleurer
dans ses jupes, se plaindre alors qu’elle n’a aucun problème ?
Je me rends au premier rendez-vous. Je tremble, j’ai peur. Et si elle me
méprise ? Et si elle me parle comme la psychologue que j’ai vue trois fois
il y a trois ans ? Et si elle me dit que je n’ai pas de problème ? Et
si elle me conseille un régime ? Au pire, je ne la revois pas, je m’enfuis
en courant. Je n’ai rien à perdre. On verra.
Elle me sourit, elle me tend la main, elle me désigne la petite pièce
claire et agréable. Je parle. Je raconte. Je pleure. Elle me présente la boite
de mouchoirs, réalise qu’elle est vide. Je rigole. Peu importe, j’ai prévu le
coup. Je sors mon mouchoir.
Elle ne me parle pas de régime. Elle est bienveillante. Elle ne me
contredit pas et ses paroles ne comportent aucun jugement. Aucun. Pas la
moindre trace de jugement. Ni désapprobation, ni critique. Aucune mimique qui
dénoncerait un reproche mal camouflé. C’est mon vécu, c’est mon ressenti. Elle
le respecte. Elle me respecte. Profondément. Ce qui compte, ce n’est pas ma
situation objective. Ce qui compte, c’est la souffrance que provoque ma
situation. Je rentre chez moi séduite, avec quelques exercices pratiques autour
des émotions.
La seconde séance balaie mes doutes. Elle me plaît, elle me convient. Je
décide de lui faire pleinement confiance. Son approche me plait et s’adapte
parfaitement à mes besoins. Il ne s’agit pas de chercher l’origine des
problèmes dans mon enfance. Il s’agit de travailler un petit peu chaque jour
pour changer mon présent. Une approche similaire à celle de Linecoaching, en
fait. Ça me va parfaitement, ça correspond à ce en quoi je crois. Comprendre le
passé, c’est bien. Mais ça ne suffit pas à transformer le présent. Et ce dont
j’ai besoin, c’est d’aller mieux, aujourd’hui et maintenant.
Lorsque je lui raconte la chose dont je n’ai jamais parlé à personne,
elle écoute. Et elle réagit exactement de la manière dont je souhaitais qu’elle
réagisse (alors même que j’ignorais ce que je souhaitais, en fait). Sans juger,
sans s’offusquer, sans critiquer les personnes impliquées. Je suis conquise.
J’ai trouvé la personne qu’il me fallait, celle qui m’aidera à sortir du trou.
Les exercices se succèdent. Tant sur Linecoaching qu’en compagnie de ma
thérapeute. Et petit à petit, je change, je me transforme. Des exercices qui
portent sur l’acceptation du corps, sur le vécu des émotions, sur le réconfort,
sur la bienveillance, sur l’estime de soi. Je reste moi et pourtant je change.
Je suis la même. Presque. Une version améliorée de moi-même, sauf que non, en
fait. Moi-même, celle qui était blottie au fond de moi depuis toujours mais que
j’avais enterrée à force d’incompréhension et de peur.
J’apprends à être gentille et tolérante avec moi-même. Quand je suis
fatiguée, je me repose et je cesse de me traiter de moule, par exemple. Se
pelotonner dans le canapé avec un bon bouquin n’est pas un crime, même s’il
reste du repassage. D’ailleurs, le repassage que je ne cessais de reporter, je
le fais dorénavant presqu’avec plaisir, même si ce n’est pas agréable. Parce
que, grâce à la méditation en pleine conscience, j’apprends à vivre le présent
même s’il est désagréable. Je vis l’inconfort que provoquent mes émotions
douloureuses. Je vis l’inconfort provoqué par les tâches ménagères
désagréables. Je vis le positif, aussi. Je deviens pleinement moi. Et j’accepte
de ne pas être parfaite.
Depuis que je vois ma thérapeute, j’ai cessé les yoyos. Mon poids est
stable. Je ne maigris plus, je ne grossis plus. Je suis stabilisée à un poids
trop élevé à mon goût. Mais j’apprends à l’accepter. Les compulsions sont
encore légions : quoi de plus normal avec tout ce travail ? Avec tout
ce que je remue, je mange beaucoup. Trop. Du sucré. Mais ça ne m’inquiète plus.
J’ai la certitude que ça passera, quand je serai prête. Pour le moment,
j’accepte d’être une fille malade qui a besoin du réconfort apporté par la
nourriture pour vivre ses émotions douloureuses.
D’ailleurs, j’ai renoncé à maigrir à court terme. Plus de pression de
maigrir, quelle liberté ! J’ai acheté des vêtements à ma taille même si
cette taille m’insupporte. Pour le moment, je suis comme ça. Lorsque j’irai
mieux, lorsque j’aurai vraiment assimilé le concept de vivre ses émotions
plutôt que les éviter, les crises s’estomperont, et je maigrirai. Je ne suis
plus pressée.
Ça fait neuf mois que je suis inscrite sur Linecoaching. Ça fait bientôt
cinq mois que je vois ma thérapeute. Et je vais bien ! Je me sens bien. Je
suis heureuse. Je commence à trouver un certain équilibre. Un équilibre
émotionnel, un équilibre dans ma vie, un équilibre au boulot, un équilibre dans
mon couple. J’ai cessé de mentir. La tempête s’apaise. L’orage est derrière
moi. Je me sens calme et sereine. Le plus dur est derrière moi. Je le sens, je
le sais.
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