dimanche 22 avril 2012

La colle et les ciseaux (ou autres relectures et corrections)


Lorsque j'ai commencé à écrire, il y a de ça plusieurs années (le temps passe vite) (rapide calcul : c'était il y a huit ans) (huit ans ? waw, le temps passe vraiment vite !), j'avais une vision assez simpliste de l'étape relecture et corrections qui accompagne la rédaction d'un roman. En effet, je croyais naïvement que les grands auteurs (et les petits, aussi) (je parle de la taille, bien sûr) écrivaient leurs romans d’un jet, en quelques semaines, l’envoyaient à leur éditeur et hop dans la boîte, roman achevé, imprimé (et vendu, tant qu'on y est).

Et puis, au fil de lectures d’interviews d’auteurs (j'ai vécu durant quelques semaines une boulimie de « conseils d’écriture » d'auteurs), j’ai réalisé que ce n’était pas le cas. S'il est exact que la majorité des écrivains rédigent leurs romans en quelques semaines, voire en quelques mois, ils passent tous, vraiment tous, par la case "relecture et corrections". Parfois, elle prend même plus de temps que l'écriture en elle-même.

Après avoir écrit, il faut lire, re-lire, re-re-lire et re-re-re-lire, jusqu'à saigner des yeux (je vous rassure, c'est une image). Relire, réécrire, élaguer, étoffer, couper, modifier l'ordre des scènes, supprimer des passages, en ajouter d'autres. De longues heures de travail jusqu'à obtenir un ensemble fluide, harmonieux, qui se lit facilement, sans lourdeurs ni répétitions. La chasse aux erreurs, aussi (les Julie qui deviennent Lucie en cours de route, ça perd un peu le lecteur) (ça, c'est un exemple d'erreur que j'ai corrigé il y a environ dix minutes dans mon roman) (j'ai du mal à choisir les prénoms secondaires et du mal à retenir les prénoms que j'ai choisis, aussi) (d'ailleurs, je ne sais même plus si j'ai corrigé le Julie en Lucie ou le Lucie en Julie) (non, je ne suis pas un cas désespéré) (quoique...)


Les relectures et corrections, c'est ce que j'aime le moins dans l'écriture. Difficile (couper des passages qu'on a mis de longues heures à rédiger, c'est pas toujours évident), fastidieux, crève-coeur, ennuyeux. En résumé : pas très comique. J'ai donc sans cesse repoussé les corrections de ce roman (jusqu'à hier). Parce que ce n'est pas drôle. Parce que je suis (un peu) (parfois) (bon, ok, souvent) paresseuse. Mais pas seulement. Parce qu'il existe une raison plus politiquement correcte que la paresse qui justifie de repousser les corrections.

J'ai laissé mon roman dormir longtemps. Suffisamment longtemps pour "oublier". Oublier les détails, oublier les mots choisis, oublier les subtilités du synopsis. Suffisamment longtemps pour être capable, en entamant la lecture, d'oublier que j'en étais l'auteur. Suffisamment longtemps pour me transformer en lecteur, pour prendre le point de vue de celui qui ne connait ni l'histoire ni les personnages. Lorsqu'on a le nez dedans, c'est impossible. Lorsqu'on laisse quelques semaines passer, ça devient tout à fait faisable.

Prendre la place du lecteur, se laisser emporter par l'histoire, par les personnages. Frissonner, frémir, rire. De cette manière, les erreurs sautent aux yeux, les incohérences aussi. Si je n'oublie jamais totalement le scénario (ben oui, je savais quand même comment l'histoire allait terminer !), je suis tout à fait capable d'oublier détails et subtilités (voire même des passages entiers) (je crains d'avoir la mémoire d'un poisson rouge) (vous connaissez Doris dans Némo ?). Je me suis surprise à rire, à tourner les pages frénétiquement pour lire la suite. Je me suis auto-étonnée (c'est moi qui ai pondu cette phrase-là ?), j'ai pointé certaines faiblesses, aussi.

Dans l'ensemble, j'ai bien aimé. J'ai été emportée. Y a plus qu'à espérer que d'autres le soient également.

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