dimanche 26 février 2012

La tête dans les étoiles


Vu qu'il y a trois jours, je vous ai promis de nouveaux billets, je me sens un peu obligée d'en pondre. Or, problème : je n'ai aucune idée de ce que je pourrais bien vous raconter !

Serait-ce la page blanche ? Peut-être. Ce blog est supposé tourner autour du thème de l'écriture et j'ai à peu près épuisé tous ces sujets-là (disons plutôt que j'ai épuisé les sujets que je souhaitais aborder jusqu'ici). J'y raconte également des anecdotes de ma vie mais ces temps-ci, ma vie n'est pas très anecdotique.

Trêve de radotages... Vu que je suis à court d'inspiration, j'ai décidé de... Recycler !

J'écris depuis que j'ai quinze ou seize ans. J'écris des romans, je n'aime pas tellement les nouvelles. Mais au fil des années, j'ai participé à quelques concours d'écriture : un thème imposé, une longueur imposée également (entre 2 et 4 pages A4, souvent). J'ai gagné parfois, parfois pas. Bon, quand je relis ces textes, en général je les trouve à ch... Mais j'étais jeune, n'est-ce pas ? Toujours est-il que j'ai décidé d'en publier certains sur ce blog. Après tout, ça colle au thème, il s'agit d'écriture, non ?

Bon, je me tais, voici une nouvelle que j'ai rédigée en 2009, le thème du concours était "La tête dans les étoiles" et franchement, je trouve mon texte un peu gnangnan, un peu bidon. Mais bon, j'ai écrit, j'assume ! (Ne me demandez pas si j'ai gagné : maladroite comme je suis, j'ai attendu le dernier jour pour envoyer mon texte, ce dernier jour a coincidé avec une panne informatique ce qui signifique que... Cette nouvelle n'a jamais été envoyée au jury !) (Oh, ça me donne une idée : un billet sur ma maladresse.) (S'il y avait des concours de maladresse, je gagnerais à coup sûr !).

Excusez-moi pour la mise en page pas vraiment agréable à lire mais un blog n'est pas un traitement de texte, après avoir bataillé durant une quinzaine de minutes, j'abandonne, tant pis pour les espaces beaucoup trop importants qui ponctuent le texte.

La tête dans les étoiles
 
Michelle poussa la porte de son appartement, y entra puis la referma d’un coup de rein – ses mains étaient prises par deux immenses sacs débordant de nourriture. Elle s’affala dans le canapé de cuir beige qui venait à peine d’être livré et soupira de soulagement en posant enfin ses sacs à terre.

La jeune femme maudit un instant l’architecte du bâtiment qui n’avait pas jugé utile la construction d’un ascenseur. À moins qu’il n’ait songé offrir aux futures occupantes des lieux cinq minutes sportives quotidiennes. Cette idée la rasséréna et elle posa sa main sur son ventre en souriant. Finalement, cet architecte était un homme bien. Il suffisait de regarder les pièces qui l’entouraient, magnifiques, pour s’en persuader.

Il n’était que dix-huit heures, pourtant l’appartement était déjà plongé dans une obscurité presque envoutante. En songeant au froid glacial qui régnait dehors, Michelle frissonna, savourant à sa juste valeur la chaleur fournie par les radiateurs. Rien de tel qu’être chez soi, bien au chaud, lors d’une rude nuit d’hiver.

Face aux canapés neufs s’étalait une grande baie vitrée. Lorsque la jeune femme y plongea son regard, elle eut le souffle coupé. L’appartement qu’elle louait avec son fiancé était situé au quatrième étage et dominait les alentours. La vitre partiellement gelée donnait directement sur un ciel d’encre moucheté d’étoiles brillantes. Cette vision la laissa rêveuse. Elle n’avait plus eu l’occasion de contempler un ciel d’une telle splendeur depuis l’été dernier. L’été où elle avait rencontré Adrien.

À cette pensée, Michelle se sentit envahie d’une douce quiétude à laquelle elle s’abandonna, un petit sourire aux lèvres, tout en plongeant dans ses souvenirs.

***

Il avait été séduit par le sourire radieux que lui adressaient ses lèvres pleines.

Elle avait été séduite par ses grands yeux verts expressifs.

Lorsqu’il lui avait tendu la main, sans un mot, pour l’inviter à danser, elle n’avait même pas songé à refuser. Il était sans doute un peu vieux pour elle – il dépassait la trentaine, elle n’avait que vingt-trois ans – mais son regard pétillant de jeunesse avait eu raison de son hésitation. Ils avaient dansé sur Bryan Adams – le slow durait plus de six minutes – sans qu’elle ne parvienne à approcher son corps à plus de vingt centimètres du sien. Elle était parvenue à se retenir de pouffer jusqu’à ce que la dernière note s’éteigne puis était partie d’un rire hystérique qui n’avait pas paru le gêner.

-          Je ne voulais pas que tu me prennes pour un de ces vieux pervers qui tournent autour des jolies jeunes filles, avait-il expliqué pour justifier la distance qu’il avait maintenue entre eux, ponctuant ses propos d’un sourire timide.

Elle n’avait rien répondu. Cette simple remarque avait suffi à interrompre son fou rire. Il la trouvait jolie. À cette pensée, Michelle sentit son cœur s’emballer. Lorsque ses yeux verts se posèrent sur son regard noisette, elle comprit qu’il n’était pas qu’un homme attirant un peu trop vieux pour elle. Il était bien plus que ça.

Il deviendrait bien plus que ça.

Incapable de le lâcher des yeux, Michelle s’enfonça encore plus profondément dans les volutes couleur émeraude qui entouraient des pupilles d’un noir de jais. Elle se sentit frémir, presque trembler. Les émotions la saisirent à la gorge avec une violence qui la laissa pantoise. Elle se sentait hypnotisée par cet homme qui la regardait en souriant. Lui semblait parfaitement conscient de l’effet qu’il produisait, de la passion naissante qui se répandait en elle et qui l’électrisait. Il la fixait attentivement, un sourire aux lèvres, de la tendresse plein les yeux, gardant néanmoins sur le visage cette timidité qu’il ne parvenait jamais à contrôler totalement et qui lui conférait un air candide.

Sans mot dire, il l’attira contre lui et l’enlaça. Elle posa sa tête contre son épaule et ferma les yeux, goûtant la quiétude du moment, suivant le rythme lent de la musique, heureuse qu’il ait réduit à néant la distance qui séparait leurs deux corps auparavant.

-          Je m’appelle Adrien, murmura-t-il à son oreille.

Elle sourit, ouvrit les yeux et l’observa plus attentivement cette fois. Ses cheveux noirs et légèrement ondulés entouraient un visage jeune barré d’épais sourcils. Ses traits droits et son menton carré auraient pu lui donner un air légèrement inquiétant si son visage n’était constamment fendu d’un sourire engageant. Sa timidité, palpable, contrastait avec son physique presque dur et éminemment masculin. C’était un enfant dans un corps d’homme, songea la jeune femme.

-          Michelle, répondit-elle.

Elle se blottit à nouveau contre lui sans même songer à ajouter un mot. Elle ne connaissait rien de lui mais ne s’en inquiétait nullement. Ils auraient tout le temps de parler les jours suivants. Pour l’instant, elle voulait uniquement profiter du bien-être qui l’envahissait, des agréables frissons que produisaient sa main contre son dos. Les minutes s’égrenèrent, envoutantes, et lorsque les dernières notes de musiques s’éteignirent, Michelle comprit que sa vie avait atteint un tournant.

Cette nuit, elle avait fait connaissance avec son futur. Il se nommait Adrien.

Elle habitait à deux pas de là. Il la ramena jusqu’à sa porte, la gratifia d’un baiser sur la joue puis s’éloigna d’un signe de la main. Michelle s’écroula sur son lit et ne dormit pas, préférant ressasser la soirée, en revivre chaque moment. Il ne l’avait pas embrassée mais elle ne s’inquiétait pas. Il était comme ça. Ils avaient à peine échangé quelques mots, pourtant elle avait l’impression de déjà le connaître.

Le lendemain soir lorsqu’il frappa à sa porte, elle était prête. Elle lui ouvrit et sourit en voyant la jonquille qu’il tenait à la main.

-          Je l’ai cueillie dans le jardin de tes voisins, annonça-t-il en la lui offrant.

-          Elle est parfaite, répondit-elle en souriant.

Il lui tendit une main qu’elle saisit sans hésiter. Ils marchèrent en silence. La nuit était chaude et calme et le ciel sans nuage découvrait une myriade d’étoiles étincelantes. Elle se laissait guider par lui, confiante. Ils quittèrent bientôt les lumières de la ville et la voûte étoilée leur parut plus clairement, plus brillante, plus magnifique. Michelle s’immobilisa et plongea son regard dans l’infini céleste, se sentant soudain minuscule.

-          Ils ont prévu une pluie d’étoiles filantes pour cette nuit, affirma Adrien.

Elle hocha la tête et se perdit dans ses yeux verts pour la première fois de la soirée. Lorsqu’il l’attira contre elle, elle sentit son cœur prêt à exploser. Il pencha la tête vers elle et elle se mit à trembler, en proie à de violentes émotions qui atteignirent leur paroxysme lorsque ses lèvres trouvèrent les siennes. Son cœur battait à toute vitesse dans sa poitrine. Elle ferma les yeux et s’abandonna à son étreinte, laissant désir et passion l’envahir.

Ses lèvres s’éloignèrent des siennes.

-          Je connais un endroit parfait pour observer les étoiles, affirma-t-il soudain, hésitant.

-          Je te suis, répondit-elle, intriguée par son ton incertain et par le rouge qui avait envahi ses joues en prononçant ces mots.

Il la guida jusqu’au stade de foot de la ville et elle éclata d’un rire frais, comprenant soudain les raisons de son embarras.

-          Je rêve ou nous sommes en pleine comédie romantique hollywoodienne ? demanda-t-elle en s’esclaffant. Un stade de foot sous une nuit étoilée.

-          Un peu trop cliché à ton goût ?

Elle réfléchit un instant, puis sourit.

-          Non. C’est parfait.

Ils se dirigèrent jusqu’au centre du stade et s’y allongèrent, comme ils l’avaient vu faire dans de nombreux films américains. A cette pensée, Michelle se remit à rire. Adrien, allongé sur le dos, le regard jusqu’alors plongé dans les étoiles, se retourna vers elle.

-          Qu’y a-t-il ? demanda la jeune femme, captivée par son regard.

-          Tu es très belle, affirma-t-il en réajustant une mèche rousse derrière son oreille.

Elle se sentit rougir. Lorsqu’il se pencha vers elle pour échanger un deuxième baiser, elle sentit à nouveau son cœur s’emballer et le désir l’envahir. Elle s’éloigna de lui et le jaugea du regard. Ses yeux émeraude brillaient, trahissant le bonheur qu’il ressentait.

-          Tu sais, affirma-t-elle doucement, dans les comédies américaines, ils ne se contentent jamais de regarder les étoiles.

-          Ah bon ?

Il avait légèrement rougi et retrouvé son air candide. Michelle sourit, ses derniers doutes évaporés. Elle se pencha vers lui et glissa ses mains sous sa chemise, consciente que jamais elle ne pourrait revenir en arrière, qu’elle avait trouvé l’homme de sa vie.

***

Une clé s’introduisant dans la serrure arracha Michelle à ses souvenirs. Elle ne bougea pas, à peine consciente qu’une heure entière s’était écoulée, que les surgelés qu’elle avait achetés fondaient sur le sol où elle les avait déposés.

-          Michelle ?

La lumière s’alluma, blessant ses yeux restés trop longtemps dans la pénombre. La jeune femme cligna des yeux puis sourit en apercevant Adrien sur le pas de la porte, une mimique étonnée sur les lèvres.

-          Hé bien ? demanda-t-il, attendri, en lui baisant le front. Encore la tête dans les nuages ?

Michelle lui jeta un regard amusé puis reporta ses yeux sur la lune brillant dans le ciel.

-          Non, répondit-elle. Plutôt dans les étoiles.

Son regard se fit rêveur lorsqu’elle réalisa à quel point cette soirée était semblable à la première qu’ils avaient passée ensemble, un an et demi auparavant. Sa main se posa doucement sur son ventre. Elle ne s’était pas trompée, à l’époque, lorsqu’elle avait pensé trouver l’homme de sa vie.

Adrien sourit et ramassa les sacs de course qu’il porta dans la cuisine.

-          Alors ? l’interrogea-t-il. Quoi de neuf aujourd’hui ?

Michelle se leva précautionneusement et passa sa main sur son ventre encore plat.

-          En fait, déclara-t-elle, j’ai quelque chose à t’annoncer.

Elle sourit en le voyant passer la tête hors de la cuisine et lui jeter un regard étonné. Elle contempla le ciel étoilé une dernière fois. La nuit était parfaite pour lui annoncer l’événement. S’il demeurait un doute dans son esprit, l’étoile filante qui traça un trait doré dans le ciel le lui enleva.

***

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